De Gaulle, le nom de tout ce qui nous manque by GUAINO Henri

De Gaulle, le nom de tout ce qui nous manque by GUAINO Henri

Auteur:GUAINO Henri
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions du Rocher
Publié: 2020-10-16T00:00:00+00:00


Emmanuel Macron : Jupiter plutôt que monarque républicain

Emmanuel Macron fut élu président de la République le 7 mai 2017 avec 66,1 % des voix contre Marine Le Pen. Il avait profité de la faillite des primaires de la droite et du Parti socialiste, et du naufrage de François Fillon harcelé sur les emplois supposés fictifs de son épouse et handicapé par un programme que son extrême orthodoxie droitière rendait socialement inapplicable. Comme pour Jacques Chirac en 2002, le second tour fut un référendum pour ou contre Le Pen. Jacques Chirac avait compris que cette circonstance lui créait un devoir vis-à-vis de ceux qui avaient voté pour lui sans être d’accord avec lui. Emmanuel Macron, lui, considéra qu’il avait reçu un mandat indiscu- table pour mettre en œuvre son programme. C’était confondre l’arithmétique électorale et le consentement populaire et, plus encore, la légalité et la légitimité. On a beaucoup reproché à Jacques Chirac de n’avoir pas fait la politique d’un mandat qu’il n’avait pas reçu. Le choix inverse d’Emmanuel Macron de mettre en œuvre obsti- nément son programme, au nom d’un mandat que lui non plus n’avait pas reçu malgré les apparences, fit ressentir très vite ses effets délétères. Le calendrier des élections législatives dans le contexte du quinquennat a contribué, il est vrai, à brouiller un peu plus l’interprétation des résultats dès lors que, dans la foulée de la présidentielle, elles semblent vouées à envoyer à l’Assemblée une majorité présidentielle amplifiée par le scrutin majoritaire. L’idée que tout est joué lors de l’élection présidentielle et que ce n’est pas la peine d’aller voter a joué à plein en 2017. La vague macronienne fut certes impressionnante, mais la participation au premier tour des législatives était tombée à 48,7 % des inscrits et, au second tour, à 42,8 %, contre 77,77 % au premier tour de la présidentielle et 74,56 % au second tour. Ce trompe-l’œil des résultats électoraux conduisit le président à ne pas évaluer correctement la marge de manœuvre politique dont il disposait pour réformer le pays, et déboucha sur la crise des Gilets jaunes, l’opposition de plus en plus radicale d’une multitude de professions à la réforme des retraites, et une contestation de plus en plus forte de la légitimité même du pouvoir, sur un fond de violence que la France n’avait pas connu depuis longtemps. Certes, Emmanuel Macron avait eu raison de diagnostiquer la nécessité de restaurer une verticalité du pouvoir, que Hollande et l’air du temps avaient beaucoup abîmée. Trop de verticalité dévitalise la société. Trop d’horizontalité la rend ingouvernable et la disperse. Toute société a besoin de hiérarchie et de coopération, d’autorité et d’autonomie individuelle. L’affaiblissement trop important de la verticalité est une autre façon de désigner la crise de l’autorité à tous les étages de la société. Mais, en traduisant ce besoin de verticalité par l’image d’un pouvoir « jupitérien », il exprima la vision d’un pouvoir qui n’avait pas l’obligation de se forger et de préserver une légitimité sans laquelle, ici-bas, aucun pouvoir ne peut s’exercer.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.